Le travail de la pierre
C’est par ce travail que je suis véritablement entrée en sculpture.
Du marbre blanc ou noir, de la serpentine, de l’albâtre
naîtront des figures minérales pendant plus de quinze ans.
Lisses, les surfaces ne s’offrent pas seulement au regard mais
aussi à la main. L’émotion recherchée est double, visuelle et
tactile. J’ai toujours été heureuse de voir quelqu’un toucher
une de mes sculptures. C’est pour moi l’indice que cette personne
entre vraiment en contact avec l’oeuvre, appréhendant
ainsi tout son sens et sa substance.
Car une sculpture, c’est une
forme qui existe par la lumière qui joue sur ses volumes, c’est
aussi une matière qui existe par le toucher. Celui-ci retient
l’attention et amplifie la communication.
Au cours de la taille
d’une pierre, je passe beaucoup de temps à toucher les formes
qui sont en train de naître sous mes ciseaux. Dans la phase de
polissage, mes doigts sont plus précis que mes yeux : ils
m’indiquent tout défaut sur la surface de la pierre. Cette intimité
tactile ne m’est pas réservée. C’est une part de ce que je donne
aux autres dans mes sculptures.
Des matières, des collections
Il n’y a pas de matières nobles et d’autres
qui le sont moins. Il n’y a que de bonnes correspondances entre
un sujet et son matériau.
Pour la réalisation de « Mes petits Anges », j’ai choisi l’albâtre dont
la douceur et la transparence sont particulièrement adaptées au
thème mais aussi différents types de résines qui, une fois poncées, ont un rendu extraordinaire.
Les chiens qui entrent dans la collection des « Dogs in the city »
sont faits en papier mâché. Ce matériau, très solide une fois sec
et qui se laisse peindre, fait écho par sa simplicité au monde de
l’enfance, créant entre soi et l’oeuvre une réelle proximité qui me
permet d’exprimer la bienveillance que j’ai pour l’animal
auquel je fais porter l’habit du maître.
Avec du papier ou de la pierre
Sculptures, gravures, photos, collages, autant de voies possibles
pour tenter de capter l’émotion, la vie, le goût d’être au
monde. Tous les chemins mènent à la vérité de soi. Et cette vérité
se trouve dans le cheminement même, dans l’acte de créer, que
ce soit avec du papier, de la pierre, de l’encre, de l’argile.